Bruno Godivier Directeur du Musée Tatin à Cossé-le-Vivien (53230)
C’est un flambeau qui se transmet au fil du temps, d’artistes en artistes. A l’instar de Robert Tatin, dans une créativité euphorique et généreuse, Leb concentre dans cette oeuvre la somme de ses expériences, de ses rencontres et de son savoir avec l’ambition d’émouvoir la conscience du spectateur.
A travers une connivence artistique, les deux hommes partagent des préoccupations communes : de la lente gestation de l’oeuvre et de l’apparente spontanéité du geste créateur naît la volonté de s’inscrire dans l’éternelle quête d’un éden simple et pittoresque.
« La Fontaine de la Solidarité », la bien-nommée devrait-on ajouter. Dans un flux continu de teintes chatoyantes, de formes exubérantes et poétiques, cette oeuvre a l’ambition d’offrir une perspective optimiste de l’avenir. Sous cette apparence pleine d’allégresse propre à éveiller la candeur de notre âme enfantine, se dissimulent les graves interrogations de l’humanité au coeur de la Nature et de l’Univers.
Ici rien n’est dissimulé, les couleurs sont franches, les volumes s’épanouissent sans contrainte et s’élèvent avec légèreté. Tandis que le regard s’accroche de branches en branches jusqu’à découvrir le ciel, les pas du visiteur l’entraînent dans un cheminement circulaire autour du bassin. Ainsi, l’oeil du spectateur en se laissant séduire par la délicatesse de l’oeuvre entrevoit la fugacité de ce paradis qui lui échappe.
Certains de ces êtres fabuleux ont peut-être existé, d’autres viendront sans doute, tous hantent notre imaginaire. Si l’ensemble peut sembler d’un équilibre précaire ce n’est que pour mieux nous rappeler la fragilité du cycle de la Vie. Des mondes anciens et disparus ont contribué à l’enracinement dans la terre et au développement hors de l’eau de cet arbre aux multiples ramifications. Au sommet, un homme s’est endormi dans les airs, peut-être rêve-t-il de poursuivre son ascension vers le soleil.